Droits de mutation : définition
Le Droit de mutation est un impôt prélevé lors du transfert de propriété d’un bien immobilier, au moment où le logement change officiellement de propriétaire au registre foncier.
Concrètement, le Droit de mutation est calculé le plus souvent comme un pourcentage du prix d’achat (ou de la valeur officielle du bien) et vient s’ajouter aux autres frais d’acquisition comme les honoraires du notaire et les émoluments du registre foncier. Il s’agit d’un impôt cantonal (et parfois communal) : chaque canton détermine s’il perçoit un Droit de mutation, à quel taux et dans quelles situations des exonérations ou réductions sont possibles.
En Suisse, le Droit de mutation fait donc partie intégrante des frais d’achat à prévoir lorsque vous planifiez un financement hypothécaire. Selon le canton, le Droit de mutation peut représenter entre environ 1 % et plus de 3 % du prix d’achat, ce qui pèse fortement sur le budget global nécessaire pour devenir propriétaire. Dans plusieurs cantons romands (Vaud, Genève, Neuchâtel, Fribourg, Valais, Jura), le Droit de mutation constitue un poste de coût important, tandis que certains cantons alémaniques ont renoncé au Droit de mutation au sens strict et ne facturent que des émoluments de registre foncier et de notaire.
Explications
Le Droit de mutation a trois caractéristiques importantes à garder en tête :
1. Impôt cantonal / communal
- Le Droit de mutation est décidé par les cantons, parfois avec un supplément communal. Il n’existe pas d’équivalent fédéral : la Confédération ne perçoit aucun Droit de mutation.
- Dans certains cantons, l’impôt cantonal est complété par une taxe communale pouvant augmenter sensiblement le taux global (par exemple jusqu’à 3,3 % dans le canton de Vaud, ou 3,0 % à Genève).
2. Qui paie le Droit de mutation ?
- Dans la plupart des cantons, le Droit de mutation est à la charge de l’acheteur, sauf convention contraire dans l’acte notarié.
- Dans quelques cantons, le Droit de mutation est partagé entre vendeur et acheteur (par exemple à Bâle-Campagne ou dans certaines configurations en Lucerne ou Fribourg).
- Le notaire (ou l’office du registre foncier) collecte généralement l’intégralité des frais d’acquisition, y compris le Droit de mutation, avant la signature de l’acte.
3. Impact sur votre financement hypothécaire
- Le Droit de mutation fait partie des « frais d’acquisition » (avec notaire, registre foncier, cédule hypothécaire), qui représentent souvent 3 à 5 % du prix d’achat selon le canton.
- Ces frais – y compris le Droit de mutation – ne sont en général pas financés par la banque : ils doivent être couverts par vos propres liquidités, en plus de l’apport personnel exigé (souvent 20 %).
- Négliger le Droit de mutation dans votre budget de financement peut vous mettre en difficulté au moment de la signature chez le notaire, car la provision doit être disponible en cash.
Au-delà de la vente classique, le Droit de mutation peut aussi s’appliquer dans d’autres situations :
- transferts de propriété au sein d’une famille (avec parfois des taux réduits ou des exonérations) ;
- restructurations, échanges, partages successoraux, transferts à une société immobilière, etc.
Mais les règles sont très différentes d’un canton à l’autre. Pour un cas concret, il est indispensable de vérifier la législation de votre canton ou de demander un calcul détaillé au notaire.
Taux des droits de mutation par canton
| Canton | Taux indicatif (Droit de mutation ou taxe équivalente) | Commentaires |
|---|---|---|
| ZH – Zurich | 0 % de Droit de mutation, mais émoluments de registre et notaire | Droit de mutation supprimé ; seules des taxes de registre / notaire (env. 0,1 %). |
| BE – Berne | 1,8 % du prix d’achat | Droit de mutation cantonal, avec exonérations partielles pour résidence principale jusqu’à un certain montant. |
| LU – Lucerne | 1,5 % | Généralement partagé entre acheteur et vendeur. |
| UR – Uri | Pas de Droit de mutation au sens strict ; env. 0,2 % de frais de registre | Taxes surtout sous forme d’émoluments du registre foncier. |
| SZ – Schwyz | 0 % de Droit de mutation | Pas de Droit de mutation ; seulement des émoluments de registre. |
| OW – Obwald | 1,5 % | Petite exonération sous un certain seuil de prix. |
| NW – Nidwald | 1,0 % | Droit de mutation cantonal. |
| GL – Glaris | Pas de Droit de mutation classique ; env. 0,35 % de frais de registre | Taxe surtout de type émolument. |
| ZG – Zoug | Pas de Droit de mutation ; émoluments variables | Frais facturés principalement sous forme de taxes de registre. |
| FR – Fribourg | env. 1,5 % (canton) + éventuelle surtaxe communale jusqu’à env. 3,0 % au total | Le canton perçoit 1,5 % et les communes peuvent ajouter jusqu’à 100 % de supplément. |
| SO – Soleure | 2,2 % (réduit à 1,1 % pour certains transferts familiaux) | Exonération possible pour résidence principale dans certaines conditions. |
| BS – Bâle-Ville | 3,0 % (1,5 % pour logement occupé par le propriétaire) | Taux élevé, avec taux réduit pour usage propre. |
| BL – Bâle-Campagne | 2,5 % | En principe partagé à parts égales entre acheteur et vendeur. |
| SH – Schaffhouse | Pas de Droit de mutation au sens strict ; env. 0,7 % d’émoluments | Taxes principalement liées à l’inscription au registre foncier. |
| AR – Appenzell Rhodes-Ext. | Jusqu’à env. 2,0 % | Taux réduit pour transferts entre proches. |
| AI – Appenzell Rhodes-Int. | env. 1,0 % | Droit de mutation cantonal. |
| SG – Saint-Gall | env. 1,0 % | Certaines exemptions (transferts familiaux, successions, etc.). |
| GR – Grisons | jusqu’à env. 2,0 % (fixé par les communes) | Taux communal, avec un plafond cantonal. |
| AG – Argovie | Pas de Droit de mutation classique ; env. 0,4 % de taxes de registre | Principalement des émoluments sur la base du prix d’achat. |
| TG – Thurgovie | env. 1,0 % | Droit de mutation cantonal, avec exemptions pour transferts familiaux. |
| TI – Tessin | env. 1,1–1,3 % | Taux variable selon la valeur et le type de transaction. |
| VD – Vaud | 2,2 % canton + jusqu’à 1,1 % communal (soit env. 3,3 % global) | Le Droit de mutation (3,3 %) constitue une part importante des frais d’acquisition ; souvent à la charge de l’acheteur. |
| VS – Valais | env. 1,0–1,5 % (progressif, souvent communal) | Taux progressifs fixés par les communes dans un cadre cantonal. |
| NE – Neuchâtel | env. 3,3 % | Droit de mutation élevé (souvent appelé « lods et ventes »). |
| GE – Genève | env. 3,0 % (taux standard) | Taux élevé, avec dispositifs de réduction pour résidence principale (p. ex. Casatax). |
| JU – Jura | env. 2,1 % (taux normal) | Taux réduits possibles pour premier achat et usage propre. |
Important : ce tableau donne une vue d’ensemble des niveaux de Droit de mutation. Les règles d’exonération, les réductions (usage propre, premier achat, transferts familiaux) et les suppléments communaux peuvent modifier sensiblement la facture finale. Ce tableau est donné à titre informatif seulement.
Exemple concret
Imaginons que vous achetiez un appartement en résidence principale au prix de 900 000 CHF. Voyons comment le Droit de mutation peut influencer votre budget dans deux cantons différents.
1. Canton de Vaud
Dans le canton de Vaud, le Droit de mutation cantonal est de 2,2 % et la commune peut ajouter jusqu’à 50 % de surtaxe, ce qui conduit très souvent à un taux global d’environ 3,3 %.
- Prix d’achat : 900 000 CHF
- Taux global de Droit de mutation (exemple) : 3,3 %
- Droit de mutation : 900 000 × 3,3 % = 29 700 CHF
À ces 29 700 CHF de Droit de mutation s’ajoutent encore les honoraires du notaire et les émoluments du registre foncier. Au total, les frais d’acquisition peuvent facilement atteindre 3,5 à 5 % du prix d’achat, soit 31 500 à 45 000 CHF dans cet exemple, que vous devez financer avec vos propres liquidités en plus de votre apport.
2. Canton de Zurich
Dans le canton de Zurich, le Droit de mutation a été supprimé. Il reste toutefois des frais (émoluments de notaire et de registre foncier), mais pas d’impôt proportionnel de type Droit de mutation :
- Prix d’achat : 900 000 CHF
- Droit de mutation : 0 CHF (aucun Droit de mutation cantonal)
- Frais de notaire et de registre : typiquement de l’ordre de 0,5 à 1,5 % du prix, selon les prestations et la complexité du dossier.
La différence est significative : pour le même bien à 900 000 CHF, vous pourriez payer près de 30 000 CHF de Droit de mutation dans le canton de Vaud, contre 0 CHF de Droit de mutation à Zurich (mais avec des frais fixes et proportionnels plus modestes).
Cet exemple illustre l’importance d’intégrer le Droit de mutation dès le début de votre réflexion sur le financement : selon le canton, le Droit de mutation peut représenter une dépense importante à régler en une seule fois, en plus de votre apport personnel et des autres frais liés au prêt hypothécaire.
